Gildas Sergent

La chorégraphie comme passion, venue sans doute de l’enfance, ce plaisir de l’agencement d’histoires, de la poésie des déplacements, de pouvoir captiver un auditoire fait de mères, de grand-mères et de grand-pères. Eux mêmes lui racontaient leurs vies. Il buvait leurs paroles, faites de joie, de grèves, de deuils, de voyage au bout du monde. De leur culture il a préféré, tout de suite ce qui faisait le quotidien, plutôt que cette image brillante mais folkloriste, des fêtes d’été pour touristes en mal d’exotisme. La danse, cet esthétisme élémentaire, lui permit, dans un corps d’adolescent, de pouvoir faire la paix avec son enveloppe. Danser des heures la gavotte et ne rien comprendre au plaisir d’être en sueur, accroché au bras de l’autre, tournant en rond et criant à l’occasion son envie que ça dure !

A l’âge adulte et à la fréquentation de personnes qui ont eu la gentillesse de lui faire partager leur pertinence, de multiples questions, mais aussi des réponses sont apparues. La danse est autre chose qu’un défilé de mode, c’est aussi et surtout une transmission, une émotion commune, une transe désirée et tant d’autres choses, tant d’autres choses… Dès les années 80, il met ces envies au service du cercle de Douarnenez, puis à la mise en place des spectacles importants proposés par la confédération War ‘l Leur. Son discours atypique plaît et les demandes de mise en scènes se font plus nombreuses. D’autres groupes lui demandent de les conseiller et en parallèle, les spectacles se succèdent au sein du groupe de Douarnenez, tous reconnus pour leur qualité par un prix départemental. La danse et la musique bretonnes ne sont pas les seuls vecteurs de sa réflexion. Ainsi «Bobby and Sue» groupe de Blues et Jazz lui demande de faire la mise en scène de son clip. A la demande de deux chanteurs et un musicien, il crée l’univers d’un spectacle qui se nomme «l’auberge bretonne». Il sait aussi s’amuser avec sa culture en créant un personnage haut en couleur et lui faisant danser un mixte entre la zumba et la gavotte. Ce qui fait dire à Gérard Alle, écrivain de son état : «Ce chef d’œuvre iconoclaste est dû à Gildas Sergent, alias Alejandro Kerplouz, le chorégraphe délirant des Korriged Ys, autrement dit ce cercle celtique de Douarnenez qui a depuis bien longtemps tourné le dos au folklore».